Jour 62 - 26/06/19 - 19mi - Total: 874mi

Aujourd'hui le col est moins haut que les derniers donc pas la peine de se lever au milieu de la nuit. Le départ se fera à 5h. Les frontales peuvent être rangées juste avant de partir. Le sentier commence par continuer de descendre sur quelques petits miles. Après la traversée d'un torrent sur un joli pont on rentre dans le John Muir Wilderness, puis très vite j'attaque la montée pour le Selden Pass. Ça grimpe fort direct, tout en lacet, heureusement le soleil met du temps à passer les crêtes de la haute Sierra, ce qui permet une montée au frais, à l'ombre. Après plusieurs centaines de pieds de dénivelé avalés, j'arrive sur un plateau avec la neige de nouveau au rendez vous. Je dépasse de magnifiques lacs gelés, encore une fois j'ai l'impression de me retrouver dans le Grand Nord. Je me pose un peu pour profiter du calme avant la fin du col. La neige recouvrant le sentier il est impossible de suivre ses nombreux lacets. Le col étant en vu il suffit de tirer tout droit en évitant les pièges dus au dégel des lacs et des cours d'eau. La toute fin sera beaucoup plus escarpée mais rien de comparable avec les derniers cols. Petite pause au sommet pour attendre les autres. Je me mets à l'aise et me rends compte que j'ai un trou dans une de mes chaussettes... Le reste de l'équipe arrive. Avant de repartir je tente un nouveau style vestimentaire : le style clodo superman. Ce sac plastique va me permettre de descendre certains passages sur les fesses sans abîmer mon short et avoir une meilleure glisse... La descente se fera donc parfois sur pieds, parfois sur les fesses, avec un nombre de pertes des traces incalculables et la traversée de rivières plus au moins grosses. Après 4 miles de descente arrive la plus imposante de toute la journée: Bear Creek. Réputée comme l'une des plus sport à traverser du PCT. Le chemin arrive donc devant l'eau en furie. Je laisse mon sac là et signale aux autres que je vais un peu remonter le courant pour voir si je peux trouver une traversée plus simple. Quelques centaines de yard au dessus je trouve un passage plus large avec visiblement moins de fond. J'y vais en premier je le sens bien. Je prends mon temps pour être sûr de mes appuis avec toujours trois points d'appuis avec mes bâtons dans l'eau qui tremblent avec la force du courant. L'eau me montra jusqu'au nombril, mais ça passe. Au tour de DrChill. Il prend aussi son temps et ça passe. Ensuite vient Obi, le plus petit gabarit du groupe. Tout va bien au début, puis au centre, au plus fort du courant, on voit dans son regard que ça ne va plus, son immobilitée indique que le courant l'empêche de continuer. Ni une ni deux, avec DrChill on retourne à l'eau. Lui vers Obi, moi plus bas en cas de chute. Avec notre aide ça ira mieux. Je resterai dans l'eau glaciale pour la traversée de Mummy et DrChill prendra le relais pour BeerDictator. Je sors de l'eau les cuisses rouge homard à cause du froid. Tout le monde est sur l'autre rive, il est l'heure de manger. Vers la fin de notre repas un couple tente la traversée un poil plus haut que nous, je le sens moyen. J'avais remarqué que sur la fin il y avait plus de fond. Je me lève tente leur expliquer mais le vacarme du courant empêche toute communication. Ils s'engagent à 2 elle devant et lui derrière en soutient pour contrer la force du courant. La fille m'a l'air un peu paniquée et se dirige pas dans la bonne direction. À quelques mètres de l'autre bord  elle se rend compte qu'elle ne peut pas continuer, le gars derrière la poussant comme il peut. Je retourne dans l'eau, tant pis pas le temps d'enlever les vêtements, avec l'eau glaciale les muscles peuvent vite tétaniser. Je me rapproche de la fille, ancre mes pieds au sol, la choppe par le bras et d'un mouvement la tire au sec. Même chose pour le gars. Le stress redescend et j'aurai droit à mille merci de leur part. Il est temps de repartir. On vise un camp à 4 miles de là, avec encore 4 plus petites rivières à traverser. Je repars en dernier. Première rivière, je retrouve BeerDictator qui change de chaussures. De mon coté ayant gardé mes vielles godasses du désert, je m'engage le courant est un peu fort mais rien à voir avec tout à l'heure. Et pourtant quand mon camarade va traverser il va chuter. Il galère à se relever, je me jette à nouveau à l'eau pour l'aider. Je serai à nouveau trempé. Tant pis, plus de peur que de mal. En revanche le coin est infesté de moustiques. En à peine 10min je me suis fait dévorer les bras et les mollets. Je continue en lui disant que je l'attendrai si les prochains torrents sont violents. Tout se passera bien jusqu'au camp mais j'aurai droit, une fois de plus, à de magnifiques cours d'eau. Demain il restera 8 miles pour arriver à notre lieu de ravitaillement. Il me reste le jour de sécurité dans le sac. Double ration ce soir! Sur ce je vais au chaud dans mon sac de couchage. Bonne nuit.