dimanche 23 juin 2019

Jour 59 - 23/06/19 - 10,5mi - Total: 824,5mi

Je coupe le réveil avant qu'il ne sonne et commence à ranger mes affaires vers 3h. Depuis minuit je dors très mal et par intermittence à cause du froid. C'est glacial, il fait -6°C. C'est pas mon petit matelas en mousse et mon sac de couchage +2°C qui m'auront protégé. Je mets direct les gants et mon tour de cou en cache nez. Je range l'intérieur de ma tente. Ouvre la moustiquaire et prends mes chaussures. Problème. Elle sont devenues deux espèces de bloc de glace. N'ayant pu sécher la veille vu notre heure d'arrivée et le soleil timide, l'eau imbibée dedans a complètement gelé. Tellement dures que je vais batailler un bon quart d'heure pour les enfiler, en devant enlever mes semelles. J'ai l'impression de mettre des chaussures 5 pointures en dessous. Une fois les pieds dedans je me retrouve avec 2 briques à la place des chaussures. Je vais devoir attendre que mes pieds les réchauffent (même si je ne sens déjà plus mes orteils). Je déjeune dans ma tente en attendant. Il me faudra aussi jouer du piolet pour déloger mes sardines de tente prises dans la glace. Bref tout ça me fera perdre un peu de temps, du coup départ à 4h passé. Il reste un peu plus de 3 miles de marche pour atteindre le col d'aujourd'hui Mather Pass, pas un des plus faciles avec ces conditions d'enneigement... On avance dans la nuit, chacun dans nos pensées. Je mène une fois de plus la danse, la lueur de la frontale me permettant de suivre le fin chemin tassé. Petit à petit le soleil se lève et de jolies couleurs illuminent les montagnes d'un rose rougeâtre. On arrive à la dernière face à monter pour atteindre le col. On réfléchi à un passage. À droite c'est la voie officielle, mais recouverte par de nombreuses avalanches en début de mois. Je propose de prendre à gauche il y a plusieurs traces. Une qui tire droit dans la pente complètement à gauche  puis qui part en balcon jusqu'au col et une autre plus centrale qui monte plus en dévers. Je choisis la seconde option. Il y a moins de pierriers exposés à franchir. La neige étant encore bien dure ce sera plus facile et en cas de chute plus facile de se stopper au piolet. Le début commence bien, on prend un peu de hauteur. Ça réchauffe les cuisses. Je m'engage ensuite sur une partie un peu plus à risque. On passe au dessus d'une grosse plaque. Le sol est bien gelé, le risque est moindre. Je dis quand même aux autres d'attendre et de passer un par un ensuite. Je rejoins le pierrier et retaille quelques traces. Je rejoins un premier pierrier. Je range le piolet. Il va falloir faire un peu d'escalade. Une fois en haut j'attends les autres. Je vois des traces au dessus. Je m'engage pour les rejoindre. L'équipe commence à me suivre. Je leur cri de redescendre: "c'est pas des traces d'humain!" que je leur dit. Du canidé mais je ne sais pas lequel. Je vois les traces à suivre plus bas. J'indique aux autres le chemin à suivre. Je continue en suivant mes traces d'animal. On se rejoint au second pierrier. Il nous faut ensuite rejoindre le haut du gros pierrier central. Les traces sont bien plus marquées et les trous des piolets précédents sécurisant. Faut prendre son temps mais ça passe tout seul. Une fois au dernier pierrier, encore un peu d'escalade avant de prendre les traces qui vont droit dans la pente. Le soleil illumine désormais la face et je transpire à grandes gouttes. J'arrive en haut, suivi quelques minutes plus tard par les autres copains. Mather Pass done! Un des derniers cols difficiles. Grosse pause au sommet. La descente sera beaucoup plus simple. On passera à côté de 2 magnifiques lac encore gelés. Il nous faudra d'ailleurs passer en parti sur le second en enjambant de grandes failles bleu-turquoises qui nous laisse deviner l'eau en dessous. Pas toujours rassurant avec le soleil qui commence à chauffer dur. La vrai descente commence ensuite. Et quelle descente! Une vue dantesque, le déversoir des lacs qui fait de magnifiques cascades (une fois de plus je suis impressionné par la quantité d'eau!), et un chemin à flanc de falaise qui descend en plein de petits lacets. Très rapidement on peut enlever les crampons. Le reste de la descente se fera en forêt, très étrange de pouvoir à nouveau suivre un vrai sentier et pouvoir avancer correctement. On traversera pas mal de torrents mais sans trop se mouiller, il y a pas mal d'arbres en travers. On trouvera un joli coin au sec pour poser les tentes. Enfin je vais pouvoir faire sécher mes affaires. Il y a encore de la glace sur ma toile de tente. On s'installe, petite bouffe avec mon fameux purée/thon et petit chocolat en dessert. Au lit. Demain le programme sera plus tranquille... Normalement ;-)










































5 commentaires:

  1. Bon, je l'attends toujours ce combat contre 3 ours en même temps hein.

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  2. Magistral (je vais bientôt plus avoir d'adjectif en stock pour décrire ce que tu nous offres 😆) ! Et quel guide ! Chris O'Donnel serait fier de toi ! Ça fait du bien de revoir du vert après tout ce blanc glacial.

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  3. Surtout n'oubliez pas de bien alterner avec le porteur de l'anneau!!

    Mais quelle aventure !!!!!!!!

    Flocaca

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  4. Jour 59... ça fait 59 jours que je relis, et 59 arguments qui me confirment mes sentiments pour toi. Je t'admire et je suis extrêmement fière de toi !!!
    Je t'aime !

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