Jour 51 - 15/06/19 - 9mi/15km - Total: 779mi/1247km

Levé 4h15. Il va y avoir 3 gros torrents à traverser et pas mal de neige. Notre but est de passer Forester Pass, point culminant du PCT à 4004m, et pas des plus facile car très escarpé, surtout à 10m sous le col où il y a un passage vertigineux à passer, encore pire avec toute la neige de cette année. Bref on passe le premier torrent aux premières lueurs du soleil. Ça caille. On suit difficilement le sentier dans les bois. Des traces partent dans tous les sens et nous font perdre beaucoup de temps. On arrive à un deuxième torrent. Bien plus violent que le premier. Mummy part en bas et moi plus haut pour trouver un passage. Je croise en chemin un gars bien équipé. Il me demande si je cherche à traverser. Je lui répond positivement. Il me dit que ses amis ont traversé un mile plus haut hier mais que pour lui c'est trop haut, qu'il y a encore 2 autres torrents à traverser après et que Forester pass est terrifiant à passer cette année. Il jette l'éponge. Je lui souhaite bon courage quand même. Je retrouve  Mummy. On part donc plus haut pour ce fameux passage mais on ne trouve rien. Je trouve un endroit qui pourrait faire l'affaire. Hop en slibard et je tente un passage qui était juste, tente plus bas, c'est pire, revient au début, retente. Ça passe en prenant une direction différente. Mummy passe aussi. On se sèche puis on sort enfin de la forêt et là, grandiose, un plateau tout enneigé entouré de superbes sommets. On se croirait dans le Grand Nord. Quand on voit ça, ça vaut le coup de galérer par moment. Ça redonne la patate, car on perd beaucoup de temps avec la neige et les gués à traverser. Ce n'est plus possible de se faire 25 miles par jour... Bref, on arrive ensuite encore à un dernier torrent pour la journée. En remontant on trouvera un passage plutôt facile. Je vous mets une petite photo du style de traversée de rivière. On prend ensuite une bonne pause pour tout faire sécher. Quand on repart, la neige est devenue une bonne bouillie. Chaque pas est un calvaire quand parfois tu t'enfonces jusqu'à la cuisse pendant 10 pas. Malgré tout on se rapproche du col. On rejoint un anglais surnommé Pigeon. Il nous demande s'il peut venir avec nous pour le col. Bien sûr. On arrive en bas de cette immense muraille qu'il va falloir franchir. Les premiers lacets sont sous la neige. Je vais devant pour faire les traces. C'est bien escarpé et avec cette neige ça n'accroche pas du tout. Il est un peu tard pour grimper. Je termine donc juste la section, après un petit crapahutage avec les mains pour rejoindre un des lacets du sentier. Les quelques lacets finaux sont quasiment sans neige. On arrive ensuite au fameux passage qui fait la réputation de ce col. Une combe d'environ 10m de large toute enneigée avec un vide impressionnant en dessous. Vu l'état de la neige pour grimper jusque là, je dis aux autres que ça serait trop dangereux et qu'en cas de chute, le piolet ne pourrait pas nous retenir. Une décision difficile à  10m du col, mais vu ce qui s'est passé hier ça fait réfléchir. Il faut savoir dire non. Je propose à Mummy de dormir à la belle étoile sur le sentier juste sous le passage technique et de le faire le lendemain quand la neige sera dure. Pigeon n'est pas chaud. Il va tenter d'escalader la montagne. Il nous dit que d'après une photo qu'il a vu c'est plat en haut. Je lui dit que j'en doute. Il tente quand même. Pendant ce temps-là on pose nos tapis et sacs de couchage. Faire un cowboy à 4000m sur un sentier de 1,5m de large avec le vide en dessous, c'est assez épique. En tout cas on a une superbe vue! On se pose tranquille car ce n'est que le début d'après midi. 2h plus tard on entendra un voix au sommet: c'est Pigeon. Il a réussi, il nous dit que c'était pas du tout plat, dangereux avec une grosse corniche. Inconscient le mec, 2h pour faire environ 50m. On se dit au revoir. Petite bouffe du soir ensuite, puis je mets toutes mes couches de vêtements, à cette altitude là ça va cailler. Je ne dormirai pas très bien mais ce sera la pleine lune.