Jour 76 - 10/07/19 - 23mi/37km - Total: 1041,5mi/1666km

Levé 5h30 par le réveil, ça fait longtemps que ça ne m'est pas arrivé. La sonnerie me fait penser au travail, donc petite dédicace aux collègues qui me suivent ;-) Le levé de soleil est superbe, du rose au rouge sur les montagnes d'en face franchies quelques jours plutôt. J'attaque par une montée avec déjà quelques bons névés en devers à franchir. J'ai la flemme de mettre les crampons, ça passe mais des fois c'est un poil juste. Je les mets pour la descente, il est encore tôt et la neige encore un peu dure. Ça se transformera quand même vite en soupe. Ça permet de faire de bonnes glissades... mais aussi d'avoir les chaussures bien trempées. Ça descend, ça descend avec quelques pertes des traces puis le sentier se découvre enfin. Vous vous rendez pas compte à quel point ça peut être fatiguant de toujours être concentré sur ses pas et ses appuis, donc quand le sentier est apparent ça permet de replonger dans ses pensées. Ces moments méditatifs sur le sentier m'avaient manqué. Midi arrive et après une nouvelle montée je me pose après environ 14 miles. J'enlève mon sac, crack. J'ai le tissu des épaules de mon t-shirt qui était tellement usé par les frottements des bretelles du sac à dos qu'après presque 80 jours ça a lâché... Bon j'aurai encore plus l'air d'un clodo-trappeur-du-dimanche durant les prochains jours, jusqu'à la prochaine ville où je m'en trouverai un nouveau. Je repars avec ma manche retroussée (ça me fait montrer mes muscles sur-développés. Ça calme direct les écureuils et les piafs...). Le reste du sentier se passera bien entre boue, neige, traversée de rivière, pensées de ce que je mangerai en rentrant en France et toutes les grosses ribouldingues que je ferai avec les copains! Après 23 miles je pose ma tente, ça fait du bien au mental de quand même pouvoir refaire des distances un peu plus longues. Deux paquets de ramen goût chicken, chips et chocolat dans le ventre je pars de nouveau me faufiler dans ma maison de toile préférée. C'est étrange comme ma notion de confort a évolué. J'aime tellement ce mode de vie nomade et pourtant au fond de moi je sais que la pression sociale et les contraintes administratives me forceront à rentrer dans le moule une fois rentré... Voilà c'était ma petite pensée du soir. Ah ouais et je dors à coté d'un lac, ça fait 2 minutes que les grenouilles s'en donnent à cœur joie, de quoi me bercer pour m'endormir...