Jour 143 - 15/09/2019 - 7mi/11km - Total: 2464mi/3942km

Je pars vers 8h30, il pleut, encore, et par moment ce n'est pas la petite averse mais plutôt des mecs qui te jettent des seaux d'eau sur la tête. Je prends mon mal en patience, je ne suis qu'à 7 miles de Stevens pass, station de ski où il me sera possible de faire du stop. J'ai le choix entre skykomish ou bien Leavenworth. Je vise la seconde, plus grande ce qui sera plus simple pour me ravitailler et envoyer un dernier colis de bouffe à Stehekin, dernier lieu civilisé avant la frontière canadienne. Bref, je me fais une première montée suivie d'une première descente. Le vent se rajoute dans la partie, ça caille. Je passe à un moment sous des pylônes électriques, un joli couloir où peut s'engouffrer le vent. La pluie me gifle le visage et je me sens un peu comme une éponge laissée trop longtemps au fond d'un lavabo (ouais le truc froid et gorgé d'eau qu'on a pas envie de toucher). J'enchaine la seconde montée et arrive au sommet où il y a l'arrivée d'une remontée mécanique. Je perds pas de temps et descends rapidement en évitant autant que possible la rivière de boue qu'est devenu le sentier. J'arrive eeeennnfin au col. Je suis congelé. Je m'abrite sous un bâtiment le temps de faire le point, puis je vais au bord de la highway pour faire du stop. Il continue de pleuvoir et le fait de rester statique ne m'aide pas à me réchauffer. Ça roule fort mais personne ne veut s'arrêter pour un hiker boueux et trempé. Le pire c'est voir les mecs en t-shirts dans leurs bagnoles et toi t'es obligé par moment de te faire des séries de squats pour te réchauffer. Au moment où je n'arrive plus à tendre mon pouce gelé une voiture en sens inverse s'arrête de l'autre côté, ouvre la fenêtre et me cause. Je comprends rien, j'ai la capuche et il y a 4 voies qui nous séparent. Je traverse au trot et vais le voir. C'est un couple d'à peu près mon âge. Le mec me dit qu'il va pas vers Leavenworth mais qu'il peut me poser à Skykomish. J'en ai un peu marre d'attendre donc j'accepte et monte à l'arrière à côté de 2 sacs de randos. Ils sont de Seattle et lui a fait le PCT il y a 2 ans. Il me dit que je trouverai ce qu'il me faut pour me ravitailler à Skykomish. Ils mettent le chauffage à fond pour moi et on discutent de randos, de trek et d'escalade. Je passe un bon moment. On arrive en ville, ils souhaitent me payer un café là où lui s'était ravitailler à l'époque. Il est un peu choqué car il n'y a quasiment plus de nourriture de vendue. Il questionne la serveuse qui lui dit qu'à la station service d'en face ils ont plus de choses. Je le remercie infiniment et lui dit que j'arriverai à m'en sortir, il tient malgré tout à venir avec moi à la station pour voir ce qu'ils ont. Il s'excuse mille fois car il pensait qu'il y avait plus de choses, c'est dingue le mec m'aide et c'est lui qui s'excuse. On va à la station, il y a effectivement plus de choses. On se sert la main et il retourne à sa voiture. Je commence à faire le tour des 3 rayons de la station service quand j'entends quelques coup de klaxonne puis "Black aaaaassss". Je sors, le couple que je viens de quitter son en train de déballer leurs affaires de randos et me remplisse de nourriture un sac plastique. C'est tout ce qu'ils n'ont pas mangé pendant leur séjour, bananes, chips, snacks, raisin, fromage et j'en passe. Je ne sais pas quoi dire, tant de gentillesse. Ils me souhaitent bon courage et me donnent leur adresse au cas où je passe par Seattle. Trop trop sympa. Je fais ensuite quelques courses, puis vais me prendre un grand chocolat chaud (je crois que le temps n'est plus aux bières). OK, je suis trempé, mes affaires aussi, on est dimanche donc il faut que j'attende demain que la poste ouvre pour m'envoyer mon colis de nourriture (et elle ouvre qu'à partir de 11h30), la météo s'annonce bien pourrie pour les jours à venir, c'est décidé ce soir je me prends une chambre dans l'unique hôtel de la bourgade. J'y verrai certains autres hikers tout aussi ravis que moi de pouvoir enfin se mettre au sec. Je prendrai une longue douche chaude et ferai une grosse sieste. De voir la pluie continuer de l'autre côté de la fenêtre me dit que j'ai fait le bon choix. Je mets le blog à jour, bouffe et au lit. Demain j'ai le temps.